La Flûte Enchantée
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La Flûte Enchantée

Incarnez un personnage de l'époque de Mozart et composez-lui une vie en interagissant avec les autres personnages.
 
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 La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze]

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MessageSujet: La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze]   La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze] EmptyDim 23 Jan - 23:51

Qu’est-ce que ça veut dire mourir ? Qu’est-ce qui se passe quand on est mort ? Est-ce vraiment le paradis ? Il lui semblait pourtant que la vie était douce, là où elle était, entourée des gens qu’elle aimait. Mais ne dit-on pas que la vie n’est qu’un passage ? Un instant furtif qui nous mène tous au même endroit. A quoi ça rime tout ça ? Pourquoi on vit si c’est pour mourir ? Et puis, qu’est-ce qu’il se passe après ? Est-ce qu’on retrouve vraiment un Dieu qui nous pardonnera nos fautes si elles ne sont pas trop graves ou nous punira ? Et ensuite ? Le bonheur, le paradis… mais quel goût ça a ? Pourquoi nous en priver ? Les idées sombres de Nannerl l’empêchaient de dormir. Allongée dans son lit, le regard fixé au plafond, elle songeait. Mais un songe éveillé est-il vraiment un songe ? Pourquoi sa pauvre mère ? Pourquoi elle et pourquoi maintenant ? Dieu n’avait-il pas fini d’accabler cette pauvre famille ?

Bon, c’était reparti, voilà les larmes ! Comme il avait été difficile de se retenir toute la journée ! Une fois dans son lit, elle se libérait, elle s’autorisait à pleurer comme jamais. Même Salieri n’avait pas eu le droit à autant de larmes. Comment comparer un amour perdu à la mort de celle qui vous a vu naitre ? Les larmes coulaient tant que ses yeux étaient secs et brûlant et Nannerl dut se lever pour se passer de l’eau sur le visage. La nuit cesserait-elle de la transformer en un être faible et sensible ? Elle était épuisée mais ne pouvait dormir, craignant les cauchemars. Elle se recoucha cependant, retapant ses oreillers avec l’espoir qu’ils puissent y faire quelque chose. « Maman » pensait-elle « Que vais-je faire sans toi ? ». A qui confierait-elle ses plus grands secrets ? Nannerl avait découvert des sentiments et des sensations dont elle ne pouvait se confier qu’à une femme. Mais elle n’avait personne. Elle haïssait toutes les filles de son âge et avait perdu toutes ses amies de Salzbourg. Que deviendrait-elle ? Le conseil de son père prit alors une toute autre forme sous cet angle…
Sans trop savoir quand et comment, le sommeil la gagna et elle tomba dans un sommeil lourd.

Le soleil pénétra dans la chambre et réveilla Nannerl, perdue dans le monde de l’inconscient. Elle ouvrit les yeux, oubliant tout ce dont elle rêvait et sortit sa tête de sous les oreillers. Elle s’étira et se sortit du lit pour regarder l’heure. Et beh ! Il était presque midi ! Voilà une chose que sa mère n’aurait pas laissé faire si elle avait là ! Non, non et non, elle ne devait pas penser comme ça ! Elle s’arrêta devant le miroir et retint un cri en voyant son reflet. Sans parler de l’état de ses cheveux emmêlés, elle avait les yeux cernés et la tête toute blanche. Quelle horreur ! Non seulement elle était triste, mais en plus elle était moche ! Voilà un bon parti ! Voilà une fille qui était sûre de finir au couvent car aucun homme ne pourrait l’approcher ! Nannerl commençait à perdre les pédales… Elle se glissa dans sa robe noire et se décida à faire sa toilette. Quelques coups de brosse et quelques épingles redonnèrent à ses cheveux un état plus acceptable mais elle y ajouta son voile noir et brodé par sa propre mère. Une fois entièrement cachée dans ses habits de deuil, elle sortit de sa chambre et descendit à l’appartement masculin. Elle y prépara le petit déjeuner et laissa une note aux deux dormeurs, expliquant qu’elle sortait.

Elle n’avait rien précisé : ni de lieu, ni d’heure de retour. Elle se donnerait sa liberté, elle allait la chercher et la prendre d’elle-même vu qu’on cherchait déjà à l’emprisonner avec un mari. Il faisait froid pour cette journée d’avril mais un grand soleil s’étalait dans la capitale autrichienne. Nannerl marcha avec une détermination précise et ferme. En la croisant, on s’écartait : une femme en deuil est à respecter. Nannerl savait très bien où elle voulait aller, où elle devait aller. Elle marchait, sans faire attention aux passants, à ceux qui la regardaient avec curiosité. Elle était tellement perdue dans ses pensées qu’elle aurait pu croiser Salieri sans s’en apercevoir. Non, elle avançait tout droit, puis à droite, puis le petit escalier et elle tournerait devant la librairie. Elle connaissait le chemin, regrettant d’y aller pour une nouvelle si triste. Puis, enfin, le bâtiment se dressa devant elle comme tout droit sorti de terre. Elle s’arrêta un instant pour observer les pierres taillées, les vitraux. Autour d’elle, on passait ; elle n’existait déjà plus. Elle s’avança lentement et poussa l’énorme porte en bois, pénétrant dans la maison de Dieu.

Il y régnait un silence religieux et glacial. D’ailleurs, Nannerl frissonna, serrant son châle sur ses épaules. Son visage était à moitié caché par le voile et elle s’avança avec le son de l’orgue dans les oreilles. Elle s’arrêta près de l’eau bénite dont elle se couvrit le front et les épaules. Elle fit quelques pas et alla s’asseoir. Il y avait très peu de monde et Nannerl put se mettre en prière sans soucis. Le silence… Ce calme lui faisait mal. Tandis qu’elle implorait Dieu de prendre soin de sa pauvre mère et de protéger sa famille, elle revoyait dans sa tête des souvenirs des jours heureux à Salzburg. Pourquoi avaient-ils quitté cette ville ? Elle avait été heureuse là-bas et en quittant sa ville natale, elle n’y avait trouvé que le mal, la souffrance et la maladie. Les prières monteraient-elles jusqu’à sa mère ? Elle lui parlait en silence, dévoilant sa souffrance à un souvenir. Les mains liées, la tête posée contre elles, les larmes lui montèrent rapidement aux yeux. Non, elle ne devait pas craquer, pas ici ! Pas encore surtout ! Pourtant, les sanglots furent plus rapides et un gémissement imprévu résonna un peu plus fort, faisant tourner quelques têtes. Avoir les larmes faciles était loin d’être une qualité. Ne voulant se faire remarquer plus longtemps, Nannerl quitta les rangs des prieurs et s’écarta dans les allées de l’Eglise. Elle s’arrêta devant une arcade, fermée par un grillage. Derrière, des statues, des peintures en l’honneur de la Vierge. Nannerl, étrangement, s’effondra devant elle. Elle se rattrapa aux barreaux qu’elle serra fort en tremblant, secouée par les larmes. Soudain, une voix toute douce, toute discrète s’éleva à son oreille.


-Venez…

Nannerl releva ses yeux brillants vers l’inconnue qui commençait déjà à faire chemin inverse en lui souriant gentiment. « Je connais ce visage » Songea Nannerl. Mais d’où ? Les cheveux bruns, le regard si pur… Nannerl suivit cette demoiselle si charmante, tout en cherchant une réponse. Mais comment pouvait-elle la connaitre ? Ce n’est qu’une fois à la lumière du jour qu’elle put mieux l’apercevoir et réalisa : Constanze. Cette jeune fille qu’elle avait vue à Mannheim, la sœur d’Aloysia. D’ailleurs, elle retrouva quelques airs familiaux en faisant le rapprochement. Les deux jeunes filles firent quelques pas pour s’éloigner de la porte d’entrée et Constanze sortit un mouchoir qu’elle tendit à Nannerl. Celle-ci l’accepta et glissa jusqu’à ses yeux pour les éponger. Après un ultime reniflement pas très glamour, elle releva le voile qui cachait son visage pour se rendre reconnaissable à Constanze.


-Merci… Constanze…
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MessageSujet: Re: La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze]   La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze] EmptyJeu 10 Fév - 11:39

* Le temps passe vite, bien trop vite. Demain, cela fera une semaine que Fridolin, le père de Constanze, est mort. Dans trois jours, elle sera à Vienne avec sa mère et ses sœurs depuis une semaine. Dans trois jours, Constanze pourra dire « je suis devenue la bonniche de ma mère, un meuble de plus dans notre Œil de Dieu, la femme de chambre de la famille… ». Que pouvait-elle espérer, elle, Maria Constanze Caecilia Josefa Aloisia Johanna Weber ? Elle la fille d’un malheureux copiste décédé et d’une mégère non-apprivoisée, pas très belle mais pas hideuse, dont la qualité exceptionnelle de chanteuse est masquée par la prometteuse carrière de sa sœur Aloysia, la voix puissante de sa sœur Josefa et la dévotion de sa cadette Sophie ? Elle qui, désormais chargée de l’emploi d’une femme de chambre, vêtue uniquement de robes rapiécées pour cacher la misère, pensait qu’elle n’aurait jamais de mari ? Pas grand-chose à vrai dire… Elle n’avait plus qu’à prier, encore et toujours, sans jamais tomber dans l’excès de dévotion et la bigoterie, et à croire que le saint des causes perdues et des martyrs, Saint Jean de Népomucène, allait un jour la voir et parler d’elle à Dieu « regarde cette pauvre fille, victime de sa mère, écrasée par ses aînées, avec pour seule alliée sa cadette, aide la… ». En attendant, elle ne faisait que prier, attendre, et vivre. Son père lui manquait cruellement, sans lui la maison n’était plus la même, sans lui sa mère devenait invivable, sans lui Josefa se montrait sous son vrai visage : fausse, égoïste et indolente, sans lui les bouteilles d’alcool se vidaient plus vite, sans lui la musique était moins présente… Plus simplement, sans lui la famille Weber avait perdu ce qui la rendait si belle et si unique. De famille unie elle est devenue une mère avec 4 filles satellisées autours d’elle…

Levée de bonne heure ce matin-là, Constanze avait vu la liste de ses tâches de la journée, posée la veille au soir par sa mère sur la table de la cuisine. La jeune fille avait pris le morceau de papier avec un dégoût visible : entre les lits à refaire, les draps à changer, la vaisselle à finir, les petits déjeuners à préparer, se glissaient des tâches de graisses et de vin qui avaient commencé à trouer la feuille, ce qui montrait la qualité du breuvage de la mère Weber. Affichant une moue écœurée, Stanzi se dirigea vers la corbeille à ordures et y jeta cette liste, preuve irréfutable de la déchéance maternelle de Caecilia. Remontant ses manches afin de ne pas les salir, la jeune fille prit alors le balai et commença son ménage. Tout était tellement sale et laissé tel quel par sa mère, incapable de boire et de faire le ménage ensuite, tout juste bonne à ronfler, que Constanze ne savait même pas par où commencer. Le sol ? Le plafond ? –Dieu comment sa mère avait-elle pu éclabousser le plafond en faisant un gâteau et un pâté ? – La vaisselle ? La table ? Face à ce chaos culinaire, et une fois le balai passé, ce fut au tour de la vaisselle : les petits déjeuners étaient à préparer, il ne fallait pas trainer…

La besogne achevée, le tout terminé, les petits déjeuners prêts à être réchauffer par sa prochaine sœur qui se lèverait, Constanze s’accorda une pause et retourna dans sa chambre pour finir de recoudre une robe un peu déchirée, sa plus belle, celle qu’elle mettait pour aller à la messe. Passant devant la chambre de sa mère pour aller dans la sienne, elle l’avait entendue ronfler tout son soul, empestant le vin et l’alcool, et en avait levé les yeux au Ciel. Autant son père était un homme admirable, autant sa mère ne valait pas un clou et chaque jour un peu plus grandissait la honte qu’avait Constanze d’être la fille d’une femme pareille. Une fois assise sur son lit, la boîte à couture posée à côté d’elle et la robe sur les genoux, l’adolescente avait commencé sa tâche, s’appliquant du mieux qu’elle pouvait et ce malgré la fatigue et le peu de lumière. La besogne achevée, ravie de son travail, Stanzi enfila sa robe adorée, prit son livre de prière et sortit discrètement de la maison. Tant pis pour les clients, pour sa mère, pour ses sœurs, il fallait qu’elle sorte, aille prier Saint Jean de Népomucène et penser à son père.

Une fois sortie de l’Œil de Dieu, Stanzi traversa la Stephansplatz, croisa quelques visages connus à qui elle adressa des sourires lointains, d’habitude, presque automatiques. La place était déjà bien remplie, l’heure du repas de midi approchait et les viennois se pressaient dans les limonaderies et chez les boutiquiers, les filles de joie du Graben rentraient chez elles, les professeurs de musique commençaient à sortir pour passer chez leurs élèves. Stanzi leva alors les yeux vers le Stephansdom, masse imposante et protectrice, et à vrai dire le lieu où elle se sentait le mieux. Poussant la lourde porte en bois, la jeune fille pénétra dans la cathédrale froide, fit un signe de croix puis s’installa sur le banc du dernier rang. Elle ne voulait en rien se faire remarquer, quelques visages s’étaient déjà tournés vers elle à son arrivée et cela lui suffisait : elle ne souhaitait pas s’afficher en remontant toute la nef jusqu’au premier rang. De toute façon, quel que soit le lieu, la prière reste la même, la foi aussi, alors premier ou dernier banc, peu importait…

Lancée dans sa série de prières, la jeune fille fermait les yeux, se concentrait, voyait le visage de son père qui l’encourageait « ne t’en fais pas pour ta mère, ignore-la, ce n’est pas de sa faute, la pauvre femme… Vis ma Constanze, sois grande ! Tu es une Weber… ». Une parole qui n’existait que dans l’esprit de la jeune fille, mais qui lui réchauffa le cœur au point qu’elle afficha un sourire et murmura pour sa seule personne. *

« Tu as raison Papa, je suis une Weber… »

* Ses prières finies, elle savait que du travail l’attendait chez elle, elle n’avait pas pu faire les lits, les clients n’étant pas encore debout, mais vu l’heure qu’elle supposait être, ils devaient s’être levés depuis. Un dernier signe de croix, un hochement de tête pour saluer une vieille voisine un peu folle depuis son veuvage, et la jeune fille fit demi-tour vers la sortie. Soulagée par sa prière, heureuse d’avoir « entendu » son père, elle s’en allait le cœur plus léger qu’à son arrivée, et au lieu de ne regarder que le bout de ses chaussures, elle regardait ce qui l’entourait, lorsqu’une forme sombre attira son regard, de l’autre côté de la rangée de bancs. Intriguée par cette ombre qui semblait errer tel un fantôme dans l’église, elle se dirigea vers elle. Sous le voile noir se dessinait un visage plutôt féminin, la détresse de cette personne mystérieuse se sentait fortement, et Constanze, qui avait eu la chance de vider son cœur, se sentit le devoir d’aider son prochain et à son tour d’écouter, d’assister ceux qui n’avaient pas eu la même chance. Elle s’avança vers la forme qui désormais lui tournait le dos, accrochée à la grille qui séparait la nef du cœur de l’église, mais dut forcer le pas lorsque la forme manqua s’effondrer. Courant vers elle, Stanzi arriva au moment où la femme de noir vêtue se rattrapa aux barreaux. Une force sombre, venue du plus profond d’elle-même la poussa à parler, à prendre l’initiative d’aider, de guider cette femme… *

« Venez… »

* Douce, conciliante, Constanze sourit à ce visage qu’elle ne voyait pas mais qui la voyait. Prenant le bras de la femme – désormais c’était une certitude – la jeune fille la guida vers la sortie et une fois dehors, elle lui tendit son mouchoir, l’écoutant se moucher assez bruyamment, mais qu’importait le bruit pour Stanzi, elle savait ce que c’était de pleurer, elle l’avait assez fait lors du décès de son père et même après… Ce n’est que la réponse de la femme et lorsqu’elle enleva son voile que Constanze perdit son sourire, tant l’étonnement lui coupa l’herbe sous le pied. *

« Nannerl ? Est-ce bien vous ? »

* Constanze n’en revenait pas. Voilà bien plus d’un an qu’elle avait vu cette jeune femme, la sœur de Wolfgang, chez elle, enfin… Dans son ancien chez elle, à Mannheim. Elle s’en rappelait aisément, sa mémoire avait toujours été bonne, et se souvenait de sa discrétion lors de ce jeudi soir musical organisé par son père afin de rencontrer ce génie de la musique tant réputé en Europe. Elle avait snobé Aloysia d’une façon qui avait bien réjoui Constanze : ce jour-là son aînée était tellement insupportable ! Tout du moins plus que d’habitude… Elle se souvient également du regard vide de sentiment que Mlle Mozart avait eu pour elle : ni amitié, ni dégoût, il valait mieux cela que de la haine ou du mépris. Soudain ravie de voir que Nannerl était à Vienne – et donc a fortiori Wolfgang ! – Constanze afficha de nouveau son sourire malgré la détresse de cette personne retrouvée. Elle avait appris la mort de Frau Mozart et comprenait parfaitement le chagrin de la jeune fille pour l’avoir éprouvé aussi quelque deux semaines auparavant. Elle tenta un début de conversation qu’elle espérait non blessant et plutôt prometteur. *

« Vous venez… pour votre mère, n’est-ce pas ? »

* Un regard douloureux traversa les beaux yeux noirs de Stanzi : elles étaient solidaires et sur le même plan dans cette situation, elle espérait que Nannerl le comprendrait. *
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MessageSujet: Re: La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze]   La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze] EmptyLun 28 Fév - 22:25

    C’était une belle journée d’été, il faisait chaud et beau. C’en était presque étouffant. Nannerl n’était pas habituée à la chaleur : il faisait si froid à Salzbourg. Le voyage à Mannheim, à Paris puis en Suisse n’avait été que froid et neige. Le printemps à Vienne lui avait été doux sans être réchauffant. Peut-on se réchauffer de la mort ? Elle vous donne froid dans le dos, elle vous retire toute la chaleur. Le feu brille sans chauffer, le soleil illumine sans brûler. La mort est un manteau de neige qui vous enveloppe et vous refroidit jusqu’à ce que vous en tombiez, vous aussi. Avait-elle eu froid avant de mourir ? A quoi on pense avant de mourir ? Nannerl avait failli mourir, une fois et elle n’était pas prête de l’oublier. Elle avait à peine quatorze ans et ce séjour à Londres lui avait été presque fatal. On avait fait venir un prêtre et elle peinait à rester éveillée. Elle se souvenait de sa mère, en larmes, qui veillait jour et nuit sur sa « petite princesse » et de ce père qui ne disait rien. Ce père si fermé, si inquiet pour la gloire de ses enfants se rendait-il compte qu’elle avait failli mourir à cause de cela ? Exploitée, envoyée partout en Autriche, en Europe… Nannerl avait fait tout ça… et pour rien.

    A présent, tout le monde se trouvait à Vienne et ils ne comptaient plus repartir. Ils étaient bien, ici, capitale européenne de la musique. On ne pouvait marcher dans la rue sans croiser quelqu’un avec un instrument ou des partitions. Les meilleurs professeurs de musiques s’arrachaient et des centaines de compositeurs faisaient la queue devant le palais impérial. Pourtant, seuls quelques noms n’étaient retenus et Nannerl avait l’ennui d’entendre un peu trop souvent celui de « Salieri ». Heureusement, on le disait parti en Italie et sans nouvelles. Avec un peu de chance, il resterait dans son pays d’origine et y resterait. Maintenant que Nannerl avait trouvé le repos, elle pourrait prier tranquillement pour sa mère et s’occuper de ses petites affaires. L’arrivée d’un Salieri dans sa vie lui serait bien désagréable. Et puis, Nannerl tenait à ce que le nom de « Mozart » soit sur toutes les lèvres, particulièrement celles des mécènes. De son côté, elle donnait de plus en plus de leçons de clavecin, de musique, de chant, de tout… Elle était une excellente musicienne et on se l’arrachait presque. Les enfants Mozart retrouveraient, petit à petit, une certaine forme de gloire.

    Oui mais voilà, les Mozart étaient en deuils et tout le monde le savait. Ils recevaient de fréquentes visites et lettres de condoléances car la pauvre mère, bien que méconnue, avait bonne réputation. Nannerl répétait sans cesse qu’elle avait été la plus douce et la plus aimante des mères et que son départ était trop rapide, presque incompréhensible. Les deux orphelins se réfugiaient auprès du père, impuissant. Leur famille devenait presque un mythe. En société, Nannerl jouait le jeu de la jeune femme qu’on tire au rang de « femme de la maison » sans qu’on lui ait demandé son avis. Mais, en privé, c’était bien différent. Elle pouvait se lâcher, être elle-même, celle qu’elle aimait être. Depuis son séjour en Suisse, elle passait beaucoup plus de temps à l’Eglise, en faisant d’elle une pieuse presque dévote. Oui mais voilà, maintenant, elle avait une raison non négligeable de s’y rendre. On la félicitait d’ailleurs de cette attitude et de cette assiduité dans la Maison de Dieu. Priant pour sa mère disparue, elle pouvait oublier de prier pour son salut, à elle, déjà entaché par cette erreur doublement commise dans la fameuse auberge.

    Une belle journée d’été qui s’annonçait bien que les larmes et l’émotion avaient eu le malheur de prendre le contrôle de ce corps sans défense. Les yeux épongés, Nannerl retrouva un peu de couleurs grâce à Constanze. Le fait de l’avoir amené à l’air frais lui fit un bien fou et le mouchoir trouva également son utilité. Constanze Weber… Nannerl s’en souvenait bien et la trouvait changée. Voilà plusieurs mois qu’elles ne s’étaient pas vues et Nannerl n’avait même jamais entendu parler d’elle depuis. Elle était pourtant une jolie fille, qui se voulait sincère, et qui, dans le souvenir de Nannerl, était sensible. Elles auraient au moins ce point commun. Nannerl s’autorisa à lui esquisser un très faible sourire en entendant la question. Sa mère, oui, sa tendre mère disparue. Elle eut alors le souvenir que les Weber se trouvaient aussi endeuillées par la mort du patriarche. Nannerl n’aurait pu oublier ce fait car c’est bien la seule fois où elle s’était trouvée gentille avec Aloysia. Nannerl savait combien la perte d’un être cher était douloureuse et la mort de Fridolin avait certainement affecté les quatre sœurs.


    -Oui… répondit-elle poliment. Ma mère nous a quittés il y a peu de temps…

    Nannerl eut un sourire rêveur, contente de pouvoir le dire sans émotion. Les larmes avaient coulées alors peut-être qu’elle n’aurait plus à pleurer à présent. Elle se retourna en entendant les portes de l’église s’ouvrir. Elle prit doucement Constanze par la main et l’emmena sur le côté pour ne plus gêner le passage. Cependant, elle ne s’arrêta et commença une marche lente, suivie par la jeune fille. La différence d’âge se lisait certainement sur leurs traits mais Nannerl ne doutait pas que Constanze pouvait être de très douce compagnie. Or, Nannerl manquait bien d’une compagnie autre que par intérêt. A moins que cette Weber là soit aussi intéressée par son petit frère ? Il faudrait tâter le terrain… Après tout, elle était la petite sœur d’Aloysia et Nannerl n’aimait pas Aloysia. Elle s’en méfiait comme du diable et ses amis deviendraient ses ennemis. Au risque que Constanze soit envoyée à Nannerl comme espion, elle se fit la promesse de rester, dans un premier temps, sur ses gardes. Elle rajusta son voile pour se rendre visible et ses mains se serrèrent autour de la petite bourse qu’elle avait emportée.

    -Je suis toute aussi désolée pour votre père, j’ai également appris la triste nouvelle. Il est détestable de penser que Dieu vous a arraché une personne de votre cœur et de votre sang mais s’il l’a choisi alors il faut se résoudre à accepter. Nous ne devons pas oublier que ces êtres veillent encore sur nous comme des anges gardiens, ils peuvent tout voir…

    Elle regardait Constanze, non menaçante, mais testant la réaction de la jeune fille. Celle-ci était plus jeune que Nannerl et la petite blonde espérait l’impressionner, même un tout petit peu, pour la déstabiliser. Il fallait qu’elle sache qui se cachait derrière ces cheveux bruns. Elle n’avait plus aucune confiance, et encore moins à une Weber. Dieu lui avait pris sa mère, Aloysia son frère… que voulait donc Constanze ?

    -Ils voient nos fautes, nos erreurs, nos mensonges, nos fausses notes. La vie reprend son cours, mademoiselle Weber, elle avait accentué la prononciation du nom de famille, et bientôt ils ne seront qu’un souvenir dans nos cœurs, un sourire sur nos peintures.

    Elle eut un regard vers le ciel et poussa un léger soupire, s’allégeant un peu l’esprit et la voix.

    -Qu’êtes-vous venus chercher à Vienne, avec votre famille ? Le succès ?

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MessageSujet: Re: La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze]   La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze] EmptyMer 20 Avr - 22:32

* La vie est tout de même faite de nombreux hasards. Si ce matin en se levant Constanze avait croisé un voisin ou une connaissance lui disant « Bonjour Mademoiselle Weber, aujourd’hui vous croiserez Nannerl Mozart et lui parlerez ! », elle aurait sans doute beaucoup ri. Vienne était une ville très grande, capitale de la musique au même titre que Paris était la capitale de la mode et des artistes, et les chances que Stanzi puisse croiser la sœur de Wolfgang à l’église étaient bien minces. Et pourtant… La jeune fille n’avait même pas réalisé. La dernière fois qu’elle avait parlé à Nannerl, c’était l’an passé lorsqu’elle était venue avec son compositeur de frère, tombant dans un piège malgré eux, tendu par Caecilia pour mettre en avant son joyau, sa chère Aloysia. En y repensant, Stanzi fit une grimace. Elle avait alors adressé un simple « bonjour » à cette inconnue qui semblait peu ravie d’être là, toute concentrée qu’elle était sur Wolfgang, son talent, et les griffes acérées de sa sœur l’attirant dans ses filets. Ses larmes de jalousie et de tristesse l’avaient aveuglée et plus aucune image de Nannerl ne lui venait à l’esprit. Aujourd’hui, elle se trouvait dans la situation inverse : c’était Nannerl qui pleurait et elle qui lui tendait un mouchoir et une épaule de réconfort. Si éloignées par leur peu de connaissance l’une de l’autre mais rapprochées par le deuil, Stanzi ne savait absolument pas quoi penser de Nannerl. La vie réserve vraiment des surprises… Restée immobile après sa question – un peu sotte par ailleurs – de la raison de la présence de Nannerl à l’église, elle osa une légère parole. *

« Je suis sincèrement désolée pour votre mère, Mademoiselle. »

* Puis, ne s’étant pas aperçue qu’elle gênait la sortie ou l’entrée de personnes dans le Stephansdom, elle se laissa faire lorsque Nannerl l’attira plus loin. Au pire, cela arrangeait Constanze, elle avait beau apprécier Vienne et ses habitants, elle connaissant la rapidité des ragots et la curiosité des bigotes environnantes, ainsi s’éloigner du passage n’était pas plus mal. Elle écouta alors les mots de Nannerl. Ils lui parurent réalistes, et pourtant elle ne put s’empêcher de penser autrement. Pourquoi Dieu ne sélectionnait-il pas les bonnes personnes pour les rappeler à lui ? Chaque évènement envoyé par Dieu pour ses enfants était une grâce, mais là, Stanzi n’en voyait aucune, bien au contraire. *

« Je pense comme vous, Mademoiselle, que nous devons voir chaque choix de Dieu comme étant le bon, et qu’il faut l’accepter. Mais devons-nous également le comprendre et l’approuver ? Dieu a rappelé mon père à lui et pourtant je ne puis m’empêcher de penser qu’il n’a pas choisi la bonne personne, même si vous avez raison, je suis sûre que mon père, de là-haut, me surveille. Tout à l’heure encore, lorsque je priais pour lui, je l’ai vu me parler, me conseiller de me battre et d’avancer. Pourtant son absence est difficile mais l’assurance qu’il me protège de son siège à la droite du Divin me rassure. Vous me prendrez certainement pour une folle, Mademoiselle, mais pourtant je l’ai vu, je l’ai senti… »

* Constanze avait prononcé ces mots simplement et sincèrement. A quoi bon mentir ? Tout se savait. Si avec Aloysia elle pratiquait la politesse et la diplomatie, avec toute autre personne elle avait le droit et le devoir de n’être qu’elle-même, sincère et honnête, comme son père l’avait été. Cependant, il lui sembla que Nannerl faisait preuve d’une certaine froideur. Le fait d’avoir prononcé son nom aussi sèchement, en insistant bien dessus, ne put que l’interpeler. Se méfierait-elle d’elle, Constanze, qui ne lui avait jamais dit autre chose que bonjour ? Etre une Weber ne signifiait pas être une Aloysia. Mais comment le lui faire comprendre ? *

« Je ne crains pas la colère de Dieu Mademoiselle, parce que je sais n’avoir que bien peu de choses à me reprocher, ni même celle de mon père qui me voit et me surveille. J’espère simplement que lorsque je le retrouverai au Paradis, il me dira qu’il est fier de moi. La vie reprend son cours, vous avez raison, malheureusement, et les absences des meilleurs nous montrent combien la présence des plus mauvais est encore plus lourde à endurer. »

* La dernière phrase, la dernière question, la dernière de parole estomaqua Stanzi au point qu’elle l’observa longuement avant de répondre. Elle dévisagea cette figure à la fois sombre de par ses voiles noirs mais pâle à force de fatigue et de larmes. Un soupir se fit entendre avant cette question si étrange, Constanze comprit que Nannerl avait lâché dans ces mots sa plus grande appréhension. Sa charmante mère la disait sotte, pourtant elle avait assez d’esprit pour comprendre ce qui se cachait derrière un sourire ou une parole. Là, la jeune fille restait perplexe. Nannerl ne pouvait pas la craindre, que pouvait bien peser une adolescente de 16 ans teneuse d’auberge avec ses sœurs face à la fille du grand Léopold Mozart et de la pieuse Anna-Maria ? Pas grand-chose… Un soupçon traversa l’esprit de Constanze : et si Nannerl ne l’aimait simplement pas ? Mais pourquoi ? *

« Ce que nous recherchons ? Voilà une bien étrange question, Mademoiselle. Pour vous, venir à Vienne est forcément synonyme de chercher quelque chose ? Aloysia cherche le succès, l’argent et… votre frère. »

* La voix de Constanze s’était alors serrée. Sa jalousie envers sa sœur était toujours présente, ses sentiments se confondaient pourtant elle ne voulait pas les laisser prendre le dessus. Elle devait oublier tout, dont Wolfgang, et ne penser qu’à ses sœurs et elle-même. Sottes pensées, bien inutiles ! *

« Ma mère, quant à elle, cherche l’argent et la possibilité de fiancer ses filles, comme toujours. Mes sœurs Josefa et Sophie, tout comme moi, ne cherchent rien. Nous avons dû déménager pour suivre Aloysia et continuer de vivre en gagnant notre pain, notre mère ne nous en a pas laissé le choix. Chacune veut vivre de sa voix, se marier et fonder une famille plus heureuse que celle que nous avons depuis la mort de mon père. Voilà ce que nous recherchons, nous les Weber. »

* A son tour, elle insista bien sur son nom de famille, à l’instar de Nannerl, puis fit de même sur le nom de cette dernière. *

« Et vous, Mademoiselle Mozart, que cherchez-vous à Vienne ? »
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MessageSujet: Re: La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze]   La plus triste des morts, c'est la mort de la jeunesse [PV Constanze] EmptyVen 6 Mai - 20:21

« Ce que nous recherchons ? Voilà une bien étrange question, Mademoiselle. Pour vous, venir à Vienne est forcément synonyme de chercher quelque chose ? Aloysia cherche le succès, l’argent et… votre frère. »

Si Nannerl avait eu une tasse de thé et une table entre les mains, elle aurait fracassé la première sur la deuxième. Mais, n’ayant rien, elle se contenta de détourner le visage pour masquer l’air renfrogné qu’elle affichait. En temps normal, elle aurait insulté cette jeune fille qui associait son frère à un objet, surtout recherché par une femme aussi détestable que la cantatrice Weber. En revanche, la petite Constanze avait inspiré tellement de haine (et de jalousie ?) en prononçant ses mots qu’ils furent presque apaisants pour la grande sœur. La petite Constanze en pinçait-elle également pour le blondinet musicien ? A vrai dire, Nannerl préférait une petite effacée timide que cette grande garce d’Aloysia qui passait plus de temps à se regarder dans un miroir qu’autre chose. Mais là n’était pas la question puisque cet idiot de Wolfgang aimait la garce. Le génie avec la pie et les deux colombes resteraient seules à pleurer sur cet amour méprisable. Et si les colombes décidaient de s’allier pour les détruire ? Elles avaient toutes deux une influence importante et pourraient très bien trouver des points de satisfactions dans ce plan machiavélique. Nannerl se prit étrangement d’amitié pour ce petit bout de femme.


« Et vous, Mademoiselle Mozart, que cherchez-vous à Vienne ? »

L’insistance sur son nom de famille lui laissa comprendre que la troisième des sœurs Weber était loin d’être la plus sotte. Elle avait de la répartie et ne se laissait pas démonter (pourtant Dieu sait si Nannerl pouvait être méprisante et détestable quand elle l’avait décidé). Nannerl accorda, intérieurement, une deuxième chance à Constanze. Elle allait lui laisser la possibilité de prouver qu’elle ne ressemblait à rien à cette idiote d’Aloiseau qui lui servait de sœur et dont Nannerl cherchait à jeter hors de sa maison. Il lui fallut ensuite répondre à la question et la chose devint plus difficile. Qu’était-elle venue chercher à Vienne ? Pas grand chose car, à vrai dire, on ne lui avait pas vraiment laissé le choix.

-Ma présence ici n’est pas de ma volonté mais je dois reconnaitre que Vienne est plus chaleureuse que notre sombre Salzburg, surtout depuis qu’elle a célébré les noces de ma mère…

Elle poussa un léger soupire et se remit à marcher, obligeant presque Constanze à la suivre. En revanche, cette dernière marcha à ses côtés sans la moindre remarque, presque comme si c’était une évidence. Nannerl marqua une pause en laissant passer des gens à leurs côtés.


-Maintenant, je suis ici en tant que professeur de musique. Etant la seule femme à la maison, je m’occupe également des affaires domestiques, bien que j’ai peu de travail étant donné que mon frère passe le plus clair de son temps à votre auberge…

Où je ne mettrais jamais les pieds… ajouta Nannerl dans sa tête, retenant un sourire. Avec d’autres, elle se serait permis mais elle ne le fit pas. Elle ne voulut pas vexer Constanze qui devait certainement suer chaque jour pour le bon entretien de ce lieu qui, au fond, ne devait rien avoir de mal mais qui, par la présence d’Aloysia, le rendait maudit aux yeux de l’aînée Mozart.
Soudain, elle attrapa la main de Constanze et souleva ses jupons de l’autre pour courir dans la rue voisine. Constanze prononça quelques mots (d’exclamation peut-être ?) mais que Nannerl n’entendit pas. Elle s’arrêta en haut d’un bord de la Vienne. Elle plaqua ses mains sur le muret et regarda en dessous. Constanze voulut parler (la questionner peut-être ?) mais Nannerl l’interrompit.


-Ecoutez comme l’eau chante…


Un silence étrange s’était installé. Il était trop tôt pour que l’agitation des rues puisse troubler le son. On entendait les flots du fleuve tranquille qui berçait les oreilles autrichiennes. Nannerl échangea un sourire rêveur avec Constanze jusqu’à ce qu’un violon se fasse entendre. Derrière elles, les fenêtres d’un appartement situé au dernier étage étaient ouvertes et laissaient entendre une douce mélodie. Le violon joua une symphonie de quelques minutes puis s’arrêta, butant sur une note. Nannerl ne put empêcher un rire.


-Chaque jour, il se trompe sur ce passage !

Devant l’air incompris de Constanze, elle se sentit obligée d’ajouter.


-Je ne sais qui il est mais il joue chaque matin cette symphonie de mon frère et j’aime venir l’écouter… Voilà une chose que j’aime à Vienne… Son amour pour la musique, sa passion pour les musiciens, les symphonies, les opéras ! Vous savez, Constanze, la musique est toute ma vie… Je n’ai rien à chercher à Vienne car mon bonheur se trouve dans un concerto pour violon, une symphonie au clavecin, un aria d’opéra… J’aime le bruit des partitions dont on tourne les pages, j’aime les musiques chantonnées par mon frère au matin qui ne trouveront peut-être aucune place mais elles sont là… Il les entend, je les entends…

Elle s’arrêta, interrompue à nouveau par des rires. Elle se retourna et vit un couple passer, ils n’avaient pas l’air d’avoir aperçu les deux jeunes femmes car ils passèrent en riant fort et en chahutant, se couvrant de caresses et de baisers. Nannerl en perdit aussitôt sa joie de vivre, retrouvée grâce à la musique. Son cœur se serra et elle s’appuya contre le muret.

-La musique et l’amour sont les deux ailes de l’âme, Constanze, une seule vous fait survivre mais les deux vous font voler…

Le visage de Constanze lui parut soudain si doux, si angélique. Nannerl glissa sa main pour remettre une mèche à cette jeune fille qu’elle avait étrangement envie de cajoler comme une petite sœur. Elle eut un sourire nostalgique et retira sa main dans un soupire.

-Je suis désolée de vous faire perdre votre temps, Constanze, à présent, c’est moi que vous devez prendre pour une folle…
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